Dans le cadre de mon accompagnement « Allo Karine », j’ai souvent au téléphone des parents qui se plaignent de ne pas obtenir de résultats suite aux demandes envers des ados toujours plus inaccessibles. Mais comment demander sans être accusateur ?
Les parents sont inconscients des messages d’accusation.
Ils ne savent pas à quel point le dénigrement et la critique atteignent indirectement leurs enfants à travers leurs demandes. Il est temps de savoir décrypter ses demandes pour savoir les formuler. Vous êtes des parents, certes, mais vous adresseriez-vous de la sorte à vos collègues ou employés ?
Quelques exemples de demandes mal formulées.
-Ta chambre est bordélique, tu devrais la ranger, ça fait pas propre. Traduction, tu es sale, tu es en désordre !
-Tu ne pourrais pas débarrasser le lave-vaisselle de temps en temps au lieu de jouer à la console ? Traduction : tu n’as pas le droit de passer du bon temps, tu es un bon à rien.
-09 en maths ! Avec tous les cours particuliers que je t’ai payés, tu n’es pas capable de faire monter tes notes ? Traduction : tu ne vaux rien, je paye et tu ne fais rien et je (parent) ne sers à rien.
-Tu pourrais prendre exemple sur ton père qui avait 18 en maths ! Traduction : tu es nul, inférieur, ton père est meilleur que toi.
-Il faut que tu m’aides à laver le linge une fois par semaine sinon, je ne laverai plus ton linge. Traduction : Je te rejette si tu ne fais pas ce que je veux. C’est un ordre, une menace.
-Travaille au lieu de passer ton temps sur les réseaux sociaux ! Ton job c’est le travail. Relire notre article sur « Ma mère me dit travaille ! ».
→ En tant que parents, remplacer les « Il faut que, Tu dois », par « Je choisis ». Puis, opter pour une communication respectueuse.
Choisir la voie de l’assertivité pour changer ses comportements.
Cette attitude définit une grande qualité de communication dans laquelle on se respecte soi-même autant que l’on respecte autrui. Elle s’exprime de façon sensible et réfléchie. Elle permet des actions adaptées avec les situations. Il s’agit de s’affirmer (pas de commander avec autoritarisme) tout en respectant les autres, de se respecter soi-même en s’exprimant directement, sans détour et avec considération. Cela conduit à diminuer les stress personnel et à ne pas en induire aux autres. On est donc dans une situation de « gagnant-gagnant ». On privilégie les “Je veux”, “Je pense”.
Alors comment demander ?
Exemple de l’ado qui ne range pas sa chambre.
La mère croit faire sa demande en exerçant son autorité parentale : range ta chambre où je te prends ton téléphone ! Traduction : je te menace et je ne négocie pas.
→ Dire ce que l’on ressent. Et ce n’est pas une marque de faiblesse. Et regarder l’autre droit dans les yeux, en l’appelant par son prénom. Exemple. Quand je vois ta chambre en bazar, ça me rend très triste. Puis faire la demande. Reprendre, puis ajouter, pouvons-nous passer un accord ? Peux-tu trouver une façon de faire qui me rende heureuse et qui fasse avancer les choses ?
Exemple de l’ado qui fait du bruit dans sa chambre à minuit.
La petite sœur croit bien faire sa demande en exprimant son désarroi : Y’en a marre que tu fasses autant de bruit, tu m’empêches de dormir la nuit.
→ Dire ce que l’on ressent : Je te demande de moins faire de bruit la nuit car tu me réveilles. C’est comme si je n’avais pas d’importance à tes yeux, donc je me sens inexistante.
Quels sont les bénéfices de cette façon de faire ?
Une attitude assertive est synonyme d’apaisement. Si la personne ne se sent ni accusée, ni menacée, ni critiquée dans son être (accusation « tu es »), elle est plus ouverte à entendre le sentiment de l’autre (je « ressens »). L’ado aînée prend conscience ici qu’elle néglige sa petite sœur, et qu’elle ne fait pas attention à elle. C’est beaucoup plus impactant que d’entendre une critique « y’en a marre », qui est en fait impersonnelle !
Donc à la longue, car ça ne marche pas forcément du premier coup, des demandes bien formulées dans le respect et la négociation seront beaucoup plus efficaces que le reste. Il est aussi possible d’exprimer sa colère de façon saine. Ce que nous verrons dans un autre article. Et si nous changions notre façon d’être en famille !