Cette semaine Allo Karine vous propose d’examiner un cas concret d’une ado et d’une mère au bord de la crise de nerf. Je reçois l’appel de Nova, qui est en troisième au Collège, dont la mère Isabelle l’élève seule, et lui répète « Travaille » tous les soirs. Or, ça dégénère en dispute à chaque fois, car le mot que la mère croit « magique », torpille toute volonté de sa fille.
Pourquoi on dit « Travaille » à nos enfants ?
Dire de travailler nous rassure dans le sens où l’on exprime son implication dans l’avenir de l’ado. On se manifeste de cette façon pour lui prouver que l’on s’intéresse à lui, que l’on le soutient, et qu’on n’oublie pas l’essentiel : avoir toutes les chances de réussir sa vie. On pense « responsabilité », on pense « je suis un bon parent », et puis on pense « mon père me le disait déjà » !
Allo Karine vous répond : vous avez tout faux !
Traduction de “Travaille” dans la tête d’un ado : je te prends pour un incapable car je crois que tu ne gères pas ton temps, que tu oublies ton travail scolaire si je ne te le rappelle pas ! L’ado n’a pas besoin qu’on lui dise de travailler. Il le sait. Prenons les choses dans l’autre sens : et si votre ado vous disait chaque jour « Tu as envoyé ton devis compliqué à ton client ? », comment réagiriez-vous ? De quoi il se mêle ? Alors comment communiquer?
La stratégie du silence, bonne pour l’ensemble de la famille.
Allo Karine, c’est aussi des conseils et astuces qui apaisent la famille dans son ensemble. Reprenons. Isabelle rentre du travail et trouve sa fille installée sur le canapé avec un bol de céréales dans une main, YouTube dans l’autre. « Ok, elle se prend une pause », pense Isabelle. Or la pause s’éternise, et l’envie irrépressible de dire d’aller travailler lui tord l’estomac!
Le conseil à Nova : prendre les devants. Va vers ta mère et dis lui : “Je sens que tu as envie de me dire de travailler. Or, plus tu le dis, moins ça me donne envie de travailler ! Je te propose une négociation. Tu ne me dis pas de travailler pendant 15 jours. Et on fait un point. Et si je ne travaille pas pendant ces 15 jours j’accepterai que tu me le dises puisque j’aurai conscience que je n’en suis pas encore capable.”
Vous serez surpris par cette direction, mais négocier avec l’ado est bon pour vous, vous verrez.
Parent, cultive le lâcher-prise et relaxe !
-Le lâcher prise ne veut pas dire se désintéresser mais responsabiliser son Ado ou ne plus le guider ni le soutenir, mais arrêter de l’infantiliser en l’assistant, en faisant tout à sa place, en lui disant de façon implicite qu’il est incapable.
-Le lâcher prise permet à l’Ado de se responsabiliser et de passer à l’action, de sortir de l’attentisme de l’enfant.
Comment vont se passer ces 15 jours ? Tout d’abord en tant que parent, vous allez cesser de penser au travail, cesser d’en parler. Ça dégage du temps pour autre chose, ça dégage la tête, non ? Vous direz à l’ado : Ok, tu viens me trouver si tu as besoin de moi pour ton travail. Je ne t’en parle plus.
Quelles sont les conséquences pour l’ado ? Il se ne sent plus contrôlé, observé. Il se sent du coup plus libre, et enfin, plus responsable de faire les choses à son rythme. Au bout de 3 jours, l’ambiance familiale est déjà plus sereine. Le fait de ne plus en parler va avoir l’effet inverse, c’est l’ado qui va venir vous parler de son travail. Faites-lui confiance.
Et alors, ça marche ?
Le bilan pour Nova et sa mère au bout de quelques appels et ces 15 jours de silence ? Nova a enfin soufflé, Isabelle aussi. Plus de stress, ça marche. Lâcher-prise d’un côté a permis à la mère de constater que Nova travaillait même plus que d’habitude. Ne plus réagir, ne plus être en colère du côté de Nova a été bénéfique, car elle concentre son énergie vers autre chose. Elle fait les choses pour elle et plus contre sa mère et donc au final contre elle-même.
Oui, on peut changer nos comportements de façon simple et rapide. Arrêter d’avoir peur, de faire des transferts. Comprendre les mécanismes de son enfant est un Enjeu du parent.